Avril 2019, retour à la spéculation !

Le mois de mars n’a pas connu d’émission de dette privée, visée par l’AMMC. Toutefois, l’annonce des résultats annuels 2018 des principaux émetteurs de dette privée, a été l’occasion d’une révision des différents ratios ainsi que de la nouvelle liste de la dette privée risquée. 
Ainsi, nous prenons acte de l’amélioration des bénéfices d’ADM et d’Alliances ainsi que le maintien des résultats positifs pour Alliances Darna. Toutefois, à un niveau global, la dette demeure importante. De plus, pour Alliances et Alliances Darna, les commissaires aux comptes expriment toujours des réserves sur l’impact sur les résultats de l'opération de restructuration de la dette, sachant que les deux émetteurs ont déjà enregistré un défaut de paiement.
Aussi, Zalar nous a déçu avec un retour dans le rouge pour ses résultats consolidés, ce qui confirme le caractère volatile des réalisations du groupe agro-alimentaire. Ce caractère rend plus vulnérable, la taille assez importante de la dette nette malgré l’augmentation de capital, réalisée. 
Quant aux banques qui ont un encours de CD ou de dette privée, les ratios de solvabilité sont respectés même pour celles qui ont affiché des pertes en 2018. De plus, contrairement, aux entreprises industrielles, la surveillance de BAM est un garde-fou supplémentaire. 
Sur un autre registre, la dette importante de Jet Contractors, est nuancée par le remboursement sans rolling de la tombée de 300 MDH du 31 mars. En effet, Jet Contractors affiche une dette nette de 611 MDH, soit 1,6 fois l'EBITDA et surtout 99% des fonds propres. Cette dette nette qui a grimpé de 132 MDH en un an, a été soulagée par l'augmentation de capital de 200 MDH dont 68 MDH au titre du financement de l’acquisition de la société Moroccan Contractors Associates SARL.
Par ailleurs, le dossier de la Samir, ne semble plus avancer au niveau local même si la nouvelle action du Syndic, semble viser une cession des filiales du raffineur. Toutefois, les créanciers de la Samir, représentés par leurs contrôleurs (Douane et BCP), ont indiqué refuser catégoriquement la proposition du Syndic de vendre la Samir par lots, en commençant par certaines filiales. En effet, c’est le 9 avril qu’Abderrafii Bouhamria, juge-commissaire, doit trancher sur cette question. Aussi, de manière globale, les créanciers comptent créer un comité pour épauler le tribunal et ouvrir le dialogue avec les pouvoirs publics pour favoriser la reprise de la Samir. 
Dans ce contexte, notre liste de dette privée à risque qui compte actuellement, ADM, Alliances, Alliances Darna, Maghreb Steel, l’ONCF, Zalar et la Samir. Par ailleurs notons que nous ne pouvons pas nous prononcer sur certains placements privés ou obligations sécurisées qui ne font pas l’objet d’une communication publique et/ou qui ne sont réservés qu’à certains institutionnels. 
Dans le détail, le RNPG d’Alliance en 2018 a atteint 302,3 MDH, en hausse de 74%. Aussi, la dette nette bilantielle a reculé de 46% à 2,5 Mrds DH grâce à l’opération de titrisation et au remboursement d’une dette bancaire de 500 MDH. Cette dette nette représente 81,9% des fonds propres et 4,4 fois l’EBITDA. Toutefois, les commissaires aux comptes ont indiqué ne pas être en mesure de se prononcer sur l’impact du processus de restructuration de la dette sur les résultats au 31/12/2018. Aussi, Alliances n’a pas provisionné des avances en compte courant d’un montant de 106 MDH, accordés à EMT, EMT Bâtiment et EMT Routes, qui sont en liquidation judiciaire. Aussi, les états financiers au 31/12/2018 d’Almes, d’EMT Levage et d’EMT agrégats, n’ont pas été établis.
Pour sa part, le RNPG d’Alliances Darna a chuté de 62,1% à 115 MDH. Aussi, la dette nette a atteint 1.052 MDH, en baisse de près de 1 Mrd DH. Ce niveau représente 45% des fonds propres et surtout 4,4 fois l’EBITDA. Par ailleurs, les commissaires aux comptes, ont indiqué ne pas être en mesure de chiffrer l’impact de la restructuration de la dette sur les résultats au 31/12/2018. 
Aussi, le RNPG d’ADM s’est amélioré en 2018 de 21% à 241,7 MDH. Toutefois, la dette nette a atteint à fin 2018, le niveau de 38,5 Mrds DH, en baisse de 3,3% sur un an. Ce niveau de la dette représente 168% des fonds propres ainsi que 16,6 fois l’EBITDA. Quant à l’ONCF, le RNPG est passé de -611,4 MDH en 2017 à -1.149,1 MDH. Aussi, la dette nette à fin 2018, a atteint 41 Mrds DH, en hausse de 9% sur un an. Ce niveau représente 164% des fonds propres ainsi que 34,7 fois l’EBITDA. Notons que la volatilité des résultats financiers d’ADM et de l’ONCF, sont en partie dûs aux emprunts en devises, qui ne sont pas toujours couverts au niveau du change. 
Par ailleurs, Maghreb Steel a aggravé sa perte nette, passée de -121 MDH en 2017 à -306 MDH en 2018. Aussi, la dette nette à fin 2018, a représenté 6,4 Mrds DH (+2%), ce qui représente 56,5 fois l’EBITDA pour des fonds propres de -469 MDH. 
Enfin, pour Zalar, le RNPG est passé de 29,9 MDH à -71,6 MDH, subissant aussi l’impact d’un résultat financier de -148,3 MDH, en détérioration de près de 40 MDH. Aussi, la dette nette de Zalar a atteint à fin 2018, un montant de 2.140 MDH, en baisse de près de 190 MDH car Zalar a levé 236 MDH et distribué 102 MDH. Cette dette nette représente toutefois 4,6 fois les fonds propres ainsi que 10,4 fois l’EBITDA. 
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